L’instabilité progresse au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Les événements violents et les pertes civiles augmentent. Nos outils d’aide visent à mieux comprendre les caractéristiques spatiales de la violence, pour des politiques plus contextualisées et territorialisées. La sécurité est analysée selon trois dimensions : i) l’indicateur des dynamiques spatiales des conflits (SCDi) ; ii) les frontières et iii) l’urbain/rural.
Malgré une urbanisation rapide, la violence est devenue plus rurale, en particulier en Afrique de l’Ouest. Plus de 40 % de tous les événements et décès enregistrés entre 2000-22 se sont produits dans des zones rurales situées à la périphérie des villes intermédiaires. Lorsque la violence se produit dans les zones urbaines, elle est plus fréquente dans les petites agglomérations urbaines de moins de 100 000 habitants que dans les zones urbaines moyennes ou grandes.
Dans l’ensemble, les zones urbaines ont vu la proportion d’événements violents diminuer au fil du temps : de 70 % en 2012 à moins de 20 % en 2022 en Afrique de l’Ouest. L’Afrique du Nord affiche une tendance similaire : de 80 % en 2012 à 40 % en 2022.
La violence dans les zones rurales coupe les grandes villes de leur hinterland. Depuis mi-2010, les grands centres urbains tels Niamey, Ouagadougou ou Bamako sont entourés de zones de conflit en constante expansion. Les déplacements et la communication entre les zones sécurisées autour de ces métropoles se compliquent, les zones rurales voisines étant en profonde insécurité. Un tiers de tous les événements violents se produisent en zone urbaine, et les deux tiers dans un rayon de 40 km d’une zone urbaine.
Au Burkina Faso, au Mali et au Niger, la plupart des événements violents se produisent dans les zones rurales. Au Mali, plus de 80 % des événements violents en 2022 concernent les zones rurales. Ces trois pays présentent des tendances similaires en termes de ruralité des violences car ils sont tous confrontés à d’importantes insurrections djihadistes. En 2021, les organisations djihadistes représentaient 80 % des violences rurales et moins de 10 % des violences urbaines.