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Sécurité

Malgré une urbanisation rapide, la violence reste majoritairement rurale en Afrique de l’Ouest. Plus de 40 % des incidents violents et des décès enregistrés entre 2000 et 2022 ont eu lieu dans des zones rurales situées en périphérie des villes intermédiaires. Ces tableaux de bord permettent d’identifier les évolutions de l’intensité de la violence au sein des régions et des pays, ainsi que les changements liés aux principaux acteurs des conflits : Boko Haram, Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin (JNIM), Groupe Wagner et Milice de Zamfara.

La violence politique est très inégalement répartie dans le temps, avec des périodes de relative accalmie suivies de vagues massives d’attaques. Ces fluctuations rendent difficile la détection d’une tendance à l’augmentation ou à la diminution de la violence. Ce tableau de bord utilise une méthodologie innovante pour identifier les changements temporels dans la violence politique associée à des groupes, des régions et des pays spécifiques au Sahel central et dans la région du lac Tchad. En s’appuyant sur les taux quotidiens d’événements violents (violent events) et de décès (fatalities), cette technique permet de détecter des tendances et des chocs dans l’intensité des conflits qui ne seraient pas nécessairement visibles à l’aide d’une analyse classique des séries temporelles.

Comment utiliser le tableau de bord

Tout d’abord, sélectionnez un groupe, une région ou un pays. Ensuite, explorez le taux quotidien d’événements violents (violent events) et de décès (fatalities). Recherchez des hausses ou des baisses marquées indiquant des changements dans l’intensité de la violence. Un plateau signifie que l’intensité reste constante dans le temps, tandis qu’une hausse ou une baisse indique une évolution de cette intensité.

Exemple : Boko Haram, violence contre les civils

D’avril à juin 2012, Boko Haram a progressivement intensifié ses activités violentes visant les civils, comme le montre le taux quotidien d’événements violents (graphique bleu). Après cette montée initiale, les attaques impliquant Boko Haram et son groupe dissident, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) formé en 2016, se sont stabilisées à un niveau inférieur, avec une légère diminution jusqu’à la mi-2018. Pendant cette période, les insurgés étaient impliqués en moyenne dans un incident violent tous les deux jours. Cependant, entre juin 2018 et février 2019, Boko Haram et l’ISWAP ont considérablement intensifié leurs opérations, avec une augmentation presque quadruple du taux quotidien, passant de 0,5 à 1,7 événements par jour. Ce taux plus élevé est ensuite resté stable jusqu’en octobre 2024, signalant une période prolongée d’intense activité.

Conséquences politiques

Les variations du nombre d’événements violents et de décès mettent en évidence des changements stratégiques dans les conflits contemporains. Dans le nord du Nigeria, par exemple, la stratégie des « supercamps » adoptée par le gouvernement nigérian a entraîné une augmentation significative de la violence contre les civils en milieu rural depuis 2019. En se repliant de leurs postes avancés vers des camps fortifiés, les soldats ont laissé un vide que les insurgés ont rapidement occupé dans les zones rurales.